Rétrospective de l’année 2023
Message de la Directrice générale de l’UNICEF à l’occasion d’une nouvelle année porteuse d’un nouvel espoir pour les enfants
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Alors que cette année aura été marquée par les conflits et la crise climatique, on ne peut que constater une fois encore que les enfants vivent dans un monde où leurs droits sont de plus en plus menacés. En dépit de ces difficultés, l’UNICEF a continué à œuvrer en faveur des enfants et des jeunes, fort de ses quelque 17 000 membres du personnel travaillant dans plus de 190 pays et territoires.
À l’approche de l’année 2024, et en amont de la publication de notre Rapport annuel en mai prochain, nous souhaitions partager un message de notre Directrice générale, des réflexions de défenseurs des droits des jeunes du monde entier ainsi que des photos mettant en lumière notre action et nos résultats pour chaque enfant. Nous tenions également à cette occasion à réaffirmer notre engagement en faveur de la réalisation et de la protection des droits de l’enfant.
Une nouvelle année porteuse d’un nouvel espoir pour les enfants
Alors que 2024 est à nos portes, je me trouve à réfléchir à la notion d’espoir : cette force qu’il nous donne et la détresse qui peut s’emparer de nous lorsqu’il disparaît. L’espoir peut tout aussi bien soulever des montagnes qu’offrir le fil ténu nous empêchant de céder au doute et à l’inquiétude. Fondamentalement, l’espoir est parfois la seule chose qui raccroche les êtres humains à la vie dans l’adversité la plus totale.
C’est également l’espoir qui a donné naissance à l’UNICEF, l’organisation dont j’assure la direction. Nous œuvrons en effet dans l’espoir de créer un monde qui protège et respecte les droits des enfants d’aujourd’hui et de demain, et qui veille à leur bien-être. Et c’est encore une fois l’espoir qui nous incite à croire en notre mission.
Si l’espoir est une source de force incroyable, il n’en demeure pas moins fragile, en particulier lorsqu’il se confronte à la dure réalité de notre monde. Et cette année en particulier, les enfants ont traversé des épreuves d’une violence inouïe à l’échelle du globe.
Par exemple, on estime que près d’un quart des enfants du monde vivent dans des zones de conflit ou sont contraints d’en partir. Un chiffre qui englobe non seulement les conflits prolongés qui sévissent toujours au Burkina Faso, en République démocratique du Congo, en Ukraine et au Yémen, synonymes de souffrance et de violation des droits de l’enfant depuis des années, mais aussi les nouveaux affrontements qui ont marqué l’année 2023.
En effet, la violence entre forces et groupes armés au Soudan a contraint au moins 6 millions de personnes (dont plus de la moitié sont des enfants) à quitter leur foyer – soit le déplacement d’enfants le plus massif jamais enregistré à l’échelle du globe. Dans le même temps, Gaza est devenu l’endroit le plus dangereux au monde pour les enfants, dont près de 6 000 ont perdu la vie depuis le début de la guerre il y a moins de trois mois.
Derrière chacun de ces chiffres se cache l’histoire d’un enfant victime d’une souffrance inimaginable et dont les droits ont été bafoués. Au cours de mes déplacements avec l’UNICEF, j’ai eu l’occasion de rencontrer certains de ces enfants. Dernièrement, dans un hôpital de Gaza, j’ai rendu visite à Fatima, une jeune fille de 16 ans à laquelle les médecins ont annoncé qu’elle ne pourrait plus jamais marcher en raison des graves blessures qu’elle a subies lors du bombardement de son quartier en octobre dernier.
La souffrance endurée par ces enfants traduit l’échec flagrant de ce monde à les protéger contre les affres de la guerre.
Loin d’être les seules crises dévastatrices en 2023, ces conflits prolongés ou naissants se sont conjugués à d’autres catastrophes, parmi lesquelles les inondations meurtrières en Libye, les séismes en Afghanistan et au Maroc, les flambées de maladie, telles que l’épidémie de choléra en Haïti, ou encore l’insécurité alimentaire, comme celle que connaît la Corne de l’Afrique. À cette situation sont également venus s’ajouter les changements climatiques, qui ont continué de bouleverser la vie des jeunes générations en provoquant épisodes de sécheresse, vagues de chaleur et tempêtes toujours plus intenses.
Bien entendu, ces crises ne se produisent pas en vase clos. Chacune d’elles est susceptible d’amplifier les répercussions des autres et d’alourdir ainsi encore davantage le fardeau qui pèse sur les enfants et les systèmes dont ils dépendent.
Un effet domino dont les conséquences sont bien visibles :
- Le nombre d’enfants touchés par la pauvreté multidimensionnelle dans le monde a augmenté de 15 % en l’espace d’à peine trois ans, passant ainsi à 1,2 milliard,
- Près de 600 millions d’enfants n’ont pas acquis les compétences de base en lecture,
- 35 millions d’enfants souffrent d’émaciation et
- Chaque jour, quelque 14 000 enfants de moins de 5 ans décèdent de causes en grande partie évitables telles que les maladies diarrhéiques et le paludisme.
Le monde traverse une période sombre, en particulier pour les enfants, et nombre d’entre nous sont en train de perdre espoir. Je suis pourtant convaincue que Martin Luther King avait raison lorsqu’il disait : « On ne peut voir les étoiles que lorsqu’il fait assez sombre ». Je crois en effet qu’en regardant attentivement, nous verrons que les étoiles brillent toujours, et que persiste l’espoir de parvenir à construire un monde meilleur pour les enfants.
Au cours des 20 dernières années, par exemple, nous avons assisté à un net recul de la malnutrition infantile à l’échelle du globe, avec notamment 55 millions d’enfants en moins présentant un retard de croissance (soit une réduction de plus d’un tiers). En outre, après une chute drastique durant la pandémie de COVID-19, les taux de vaccination des enfants sont repartis à la hausse : à l’échelle mondiale, 4 millions d’enfants supplémentaires ont ainsi bénéficié de services de vaccination en 2022 comparativement à l’année précédente. Parallèlement, nous avons atteint l’accès quasi-universel des enfants à l’enseignement primaire.
Enfin, il y a deux semaines seulement, les représentants de quelque 200 pays réunis à l’occasion de la COP 28 à Dubaï ont conclu un accord historique visant l’abandon progressif des combustibles fossiles. Pour la première fois dans l’histoire, les répercussions disproportionnées que les changements climatiques engendrent spécifiquement sur la santé et le bien-être des enfants ont été reconnues et un « dialogue d’experts » sur la question a été proposé.
Les actions menées par l’UNICEF en faveur des enfants en 2023 me donnent également de l’espoir.
Dans les situations de crise humanitaire, nous avons notamment fait bénéficier plus de 23 millions de personnes d’un accès à l’eau potable et vacciné 27 millions d’enfants contre la rougeole. L’UNICEF et ses partenaires ont par ailleurs permis à plus de 150 millions d’enfants d’accéder à des services de dépistage précoce et de traitement de l’émaciation infantile dans des milieux à haut risque.
Ces résultats me font dire qu’il y a bel et bien de l’espoir lorsque nous accordons la priorité aux droits des enfants et à leur bien-être. Et force est de constater qu’en privilégiant les interventions en faveur des enfants les plus vulnérables et les plus défavorisés (que ce soit en raison de la pauvreté, d’un conflit, d’un handicap ou de l’inégalité entre les genres), nous pouvons assurément améliorer les conditions de vie de tous les enfants.
Si cette année laisse augurer les difficultés et les nombreux défis qu’il nous faudra relever en 2024, nous pouvons néanmoins décider de faire preuve de courage et nous engager à prendre les mesures audacieuses qui s’imposent pour protéger les enfants, ainsi qu’à investir davantage dans les systèmes et les services dont ces derniers ont besoin pour grandir en bonne santé et s’épanouir.
À l’instar des étoiles qui nous montrent la voie dans l’obscurité, je suis convaincue que ce sont les enfants qui concrétiseront notre espoir qu’un monde meilleur et plus pacifique est possible. Nous devons faire mieux et intensifier nos actions en leur faveur, en 2024 et au-delà.
Réflexions de défenseurs et défenseuses des droits des jeunes en 2023
Yasmina, 20 ans, Tadjikistan
En 2023, de multiples conflits et crises ont perturbé l’éducation de nombreux enfants, en particulier des filles. Les dirigeants mondiaux doivent absolument prendre la mesure des conséquences de tels événements sur l’avenir de ces enfants. Alors que 2024 approche, il est essentiel que les dirigeants s’efforcent de prévenir les conflits et fournissent un soutien aux enfants touchés, afin que ceux-ci puissent accéder à l’éducation et reconstruire leur vie.
Mariam, 19 ans, Yémen
Je demande aux personnes au pouvoir et aux dirigeants de faire la paix. Nous en avons assez des guerres et des conflits qui perturbent la vie des enfants. Les dirigeants doivent sérieusement œuvrer à un monde plus sûr, où les enfants ne vivent pas dans la peur et ne voient pas leurs rêves partir en fumée à cause des guerres [...] Les dirigeants doivent se montrer ouverts, prêts à apprendre et à s’adapter aux nouveaux défis dans un monde qui évolue rapidement.
Emmanuel, 20 ans, Tanzanie
Un certain nombre de jeunes se sont mobilisés cette année. Mais nous pouvons faire mieux en 2024. Nous devons davantage inclure la jeunesse – notamment les enfants – dans nos domaines d’activité. Les institutions internationales et les autorités locales doivent coopérer avec plus de jeunes et développer des plateformes permettant à ces derniers de faire part de leur point de vue [...] Tous les enfants veulent la paix.
Makhtom, 20 ans, Soudan
Je suis très heureux d’avoir pu, en cette année [2023] si difficile, faire entendre la voix des enfants et des jeunes au Soudan lors d’événements mondiaux tels que l’Assemblée générale des Nations Unies [...] Quelles que soient les difficultés, nous devons continuer de croire en nous-mêmes et en un avenir pacifique [...] Les dirigeants du monde entier ne doivent pas oublier que nous sommes tous des êtres humains et que nous avons tous les mêmes droits. Chaque enfant mérite d’être protégé et de recevoir une éducation, peu importe sa race, sa couleur de peau, son genre et sa religion.
Arish Mahat, mère de dix enfants, reçoit une aide en espèces afin d’acheter de la nourriture et d’autres produits de première nécessité pour sa famille. Lorsque la région Somali d’Éthiopie a été touchée par la pire sécheresse de ces dernières décennies, Arish a perdu son bétail et elle a désormais du mal à nourrir sa famille.
« J’ai perdu mon troupeau de chameaux et de bœufs. Je n’avais plus de raison de rester, alors je suis partie pour chercher de l’aide. »
Dans le village de Sulool Daramdala (province de Khyber Pakhtunkhwa), un membre du personnel de l’UNICEF au Pakistan aide Muskan, 3 ans, à enfiler les nouvelles chaussures qu’elle a reçues dans le kit d’hiver distribué par l’UNICEF.
Des inondations ont détruit plus de deux millions d’habitations juste avant la période hivernale. Face au dénuement des familles, l’UNICEF a distribué des couvertures et des vêtements chauds aux familles et aux enfants déplacés.
Dans le quartier Al-Salheen d’Alep, dans le nord de la Syrie, la responsable d’une équipe médicale mobile soutenue par l’UNICEF examine les enfants de moins de 5 ans pour repérer les signes de malnutrition. Cette initiative fait partie de l’intervention d’urgence menée par l’UNICEF après le séisme qui a frappé la Türkiye et la Syrie. On estime qu’environ 6,1 millions de personnes ont été touchées en Syrie.
À Alep, les dispensaires mobiles soutenus par l’UNICEF proposent aux enfants des consultations médicales, des ordonnances gratuites et des services d’orientation médicale.
Une membre du personnel de l’UNICEF au Viet Nam discute avec un garçon de 13 ans qui vit au centre de protection sociale de My Tho (district de Cao Lanh, province de Dong Thap). Il figure parmi les milliers d’enfants sans famille qui vivent en institution dans ce pays, une situation qui les expose à un risque de préjudice physique, psychologique et social.
L’UNICEF au Viet Nam collabore avec ses partenaires pour éviter que les enfants soient séparés de leur famille si cela n’est pas nécessaire et pour proposer des solutions de protection de remplacement attentives et bienveillantes.
Une membre du personnel de l’UNICEF s’entretient avec une femme dans l’espace d’auto-prise en charge du centre d’accueil pour migrants de Lajas Blancas.
L’UNICEF au Panama a créé cet espace pour fournir une assistance et des ressources aux migrants, qui sont nombreux à avoir fait le voyage seuls et à avoir été exposés à des risques tels que la traite des êtres humains, l’exploitation et les abus sexuels ainsi que d’autres formes de violence liée au genre.
Un membre du personnel de l’UNICEF échange avec une mère afin qu’elle participe à l’Initiative accélérée pour la survie de l’enfant menée par l’UNICEF et ses partenaires dans l’État du Nil Blanc. Dans cet État, les cas de rougeole et de malnutrition sont en augmentation.
Face à cette situation, plus de 1 000 agents de santé et bénévoles de première ligne ont fourni à 40 000 enfants de moins de 5 ans un ensemble intégré de services vitaux comprenant notamment la vaccination contre la rougeole, une supplémentation en vitamine A, un traitement vermifuge, un traitement contre la malnutrition et un dépistage nutritionnel.
Adelina, 7 ans, donne une récompense à une chienne nommée Julie lors d’une séance de thérapie canine organisée dans un centre Spilno géré par l’UNICEF.
« Aujourd’hui, il y avait un cours avec des chiens, j’ai beaucoup aimé », raconte Adelina, « Ils sont très amusants et joueurs. »
Alors que la guerre se poursuit, les séances de soutien psychosocial faisant appel à des chiens aident les enfants à lutter contre le stress. Destinés aux enfants et à leurs parents, les centres Spilno servent d’abri en cas de bombardement, mais aussi d’espace de jeu et d’apprentissage, et parfois d’hébergement temporaire.
À Kinshasa, une membre du personnel de l’UNICEF tient dans ses bras Nkembo, 7 ans, qui vient de recevoir un kit scolaire de l’UNICEF. Plus de 1 000 kits scolaires ont été distribués aux élèves des écoles primaires de Matondo et Nkwamina dans le cadre de la campagne Rentrée des classes de l’UNICEF en République démocratique du Congo.
Pour préparer le début de cette année scolaire, l’UNICEF a collaboré avec le Gouvernement et avec ses partenaires afin d’inciter les parents et les communautés à scolariser tous les enfants – garçons et filles – pendant toute l’année scolaire.
À l’aéroport international de Copenhague, des cargaisons de fournitures essentielles sont chargées à bord de vols affrétés par l’UNICEF en direction de l’aéroport d’El-Arish, situé en Égypte, près de la bande de Gaza.
Face à la crise effroyable à laquelle les enfants sont confrontés dans l’État de Palestine et en réponse à l’urgence humanitaire actuelle, l’UNICEF expédie des fournitures vitales telles que des couvertures chaudes, des tablettes de purification d’eau, des médicaments et des équipements médicaux, des produits nutritionnels, du matériel éducatif ainsi que d’autres articles pour l’eau, l’assainissement et l’hygiène.
Le 19 novembre 2023, des bébés évacués de l’hôpital Al-Shifa dans le nord de Gaza ont été transférés à l’hôpital Al-Helal Al-Emarati de Rafah, dans le sud de l’enclave.
L’UNICEF a mené l’opération en coopération avec l’OMS, l’UNRWA, l’OCHA, le Service de la lutte antimines de l’ONU, la Société du Croissant-Rouge palestinien, les autorités médicales et le personnel de l’hôpital dans des conditions extrêmement périlleuses. L’état des nouveau-nés était en train de se détériorer rapidement à la suite de l’effondrement total de tous les services médicaux à Al-Shifa.