Protéger les familles des retombées économiques de la COVID-19

Les familles paient un lourd tribut à la pandémie, mais les transferts en espèces contribuent à atténuer la pression qui pèse sur elles.

Enkhzul Altangerel
Guatemala. A woman stands with her family.
©UNICEF Guatemala/ RODRIGO MUSSAPP
23 octobre 2020

La pandémie de COVID-19 a des effets dévastateurs sur des centaines de millions de personnes à travers le monde. Cependant, ce sont les enfants et leur famille qui sont les plus durement touchés par la crise économique provoquée par la pandémie. Avant l’apparition de la COVID-19, les enfants étaient deux fois plus susceptibles que les adultes de vivre dans l’extrême pauvreté. Aujourd’hui, 117 millions d’enfants supplémentaires risquent de vivre sous le seuil national de pauvreté de leur pays, situation qui plongerait l’avenir de 700 millions d’enfants dans une incertitude exacerbée.

Investir en faveur des enfants et des familles, c’est investir dans l’avenir.

Il existe toutefois une solution éprouvée pour protéger les enfants et les familles de la catastrophe financière, rétablir leurs moyens de subsistance et leur fournir la stabilité dont les enfants ont besoin pour s’épanouir. Il s’agit des transferts en espèces. Les familles qui bénéficient de transferts en espèces sont plus à même de se procurer de la nourriture et des soins de santé réguliers et d’envoyer leurs enfants à l’école. Elles sont aussi moins à même de subir un stress nocif susceptible d’engendrer la violence et des problèmes de santé mentale.

Voici quelques exemples tirés du monde entier des bienfaits tangibles des transferts en espèces sur la vie de certains des enfants les plus vulnérables et de leur famille.

 

Sierra Leone

Sierra Leone. A woman sits with her son.
UNICEF Sierra Leone/2020/Mutseyekwa
Isatu est assise avec son fils, Roy, dans un marché de Freetown, en Sierra Leone.

Même avant la pandémie, 66 % des enfants de Sierra Leone vivaient dans la pauvreté. Aujourd’hui, les finances de millions de familles sont encore plus précaires et les enfants sont exposés à un risque accru de violence, de maltraitance et de négligence. 

Isatu, une commerçante informelle de Freetown, la capitale de la Sierra Leone, affirme que les ventes ont fortement ralenti depuis le début de la pandémie. « Il est arrivé que je n’aie pas assez d’argent pour acheter à manger et que je donne de la bouillie de farine de manioc avec du sucre à mes enfants pour le dîner », confie-t-elle.

Heureusement, le Gouvernement a mis en place un programme de transferts en espèces d’urgence au profit des travailleurs informels des zones urbaines qui a constitué une bouée de sauvetage pour les parents qui n’arrivaient pas à nourrir leur famille, comme Isatu. Grâce à ces transferts en espèces d’urgence, cette mère de famille a pu diversifier ses activités. En plus des fournitures scolaires qu’elle vend habituellement, Isatu vend désormais du savon en poudre, ce qui l’aide à mieux subvenir aux besoins de sa famille.

« Les ventes ont remonté et je peux acheter de meilleurs aliments pour mes enfants », indique-t-elle. « Et je suis contente, parce que j’ai pu [économiser un peu d’argent] en prévision de la rentrée des classes en octobre. »

L’UNICEF et la Banque mondiale aident le Gouvernement à renforcer l’incidence du programme en donnant aux familles accès à des informations et à des services sociaux essentiels, notamment en matière de violence liée au genre.

 

Thaïlande

Thailand. A woman stands with her family outside their home.
UNICEF/Panos/2020/Patrick Brown
Tukta, à droite, pose avec sa famille.

Bien que la Thaïlande fasse de gros efforts pour contrôler la propagation de la COVID-19, la pandémie a des effets économiques et sociaux désastreux sur les familles les plus vulnérables du pays. Alors que l’économie thaïlandaise devrait enregistrer un recul de 8 % cette année selon les prévisions, l’UNICEF et ses partenaires ont encouragé le Gouvernement à prendre des mesures visant à atténuer les effets de la crise sur les enfants et les familles. Ce dernier a donc décidé d’octroyer aux bénéficiaires de programmes de transferts en espèces, soit près de huit millions de familles, notamment celle de Tukta, une aide complémentaire pendant trois mois.

« Mes enfants doivent avoir une meilleure chance que moi de bénéficier d’une bonne scolarité et cet argent contribuera à leur éducation », indique Tukta au sujet du versement mensuel de 1 000 bahts (environ 32 dollars) qu’elle reçoit au titre de ce programme.

 

Sri Lanka

Colombo. A family plays outside.
UNICEF Sri Lanka/Ryan W. Daniels
La famille de Wasana joue dehors à Colombo, au Sri Lanka.

Avant la pandémie, Wasana et sa famille appartenaient à la classe moyenne et avaient une vie relativement confortable à Colombo. Cependant, un couvre-feu strict visant à enrayer la propagation du coronavirus a complètement bouleversé les activités de la petite entreprise d’importation familiale, ainsi que la vie des membres de la famille. Les affaires se sont mises à décliner, réduisant à néant leurs économies. Contrainte d’économiser sur la nourriture, Wasana a sombré dans le désespoir, au point de commencer à vendre leurs meubles sur les médias sociaux.

L’UNICEF, qui travaillait avec des partenaires gouvernementaux, a insisté sur la nécessité de mettre en place des transferts en espèces afin de soutenir des familles comme celle de Wasana. Selon les estimations, près des deux tiers des ménages sri lankais ont bénéficié de cette aide au cours des deux mois durant lesquels elle a été octroyée. 

« Le programme de transfert en espèces d’urgence du Gouvernement nous a apporté un soulagement immédiat », témoigne Wasana. « Nous avons pu acheter à manger. » Cependant, ce soutien était insuffisant pour boucler les fins de mois, selon la mère de famille. « Notre famille souffre. Imaginez la situation des familles qui étaient déjà en difficulté avant la COVID. » 

 

Madagascar

Madagascar. A woman carries her mother.
UNICEF Madagascar/2020/Solofonirina Claudia RAKOTOARISON
Emilie, qui est paraplégique, se fait porter dans un magasin à Antananarivo, à Madagascar.

À Madagascar, plus des deux tiers des enfants vivent dans ce que l’on appelle la pauvreté multidimensionnelle, ce qui signifie qu’ils n’ont pas accès à l’éducation, à la santé, au logement, à la nutrition, à l’assainissement ni à l’eau salubre. Leur situation déjà désespérée a été aggravée par la pandémie, qui a contraint le Gouvernement à instaurer un confinement qui a laissé de nombreux Malgaches sans emploi ni revenu.

Avec le soutien de l’UNICEF et de ses partenaires, le Gouvernement malgache a instauré un programme de transfert en espèces sans conditions baptisé « Tosika Fameno » qui a permis aux ménages vulnérables et durement touchés économiquement par la COVID-19 de percevoir une aide de 100 000 ariarys (soit près de 26 dollars).

« Tosika Fameno nous a permis de payer deux mois de loyer », affirme Emelie, 49 ans, qui est paraplégique. « Il nous a aussi permis d’acheter de la nourriture pour mon petit-fils. »

 

Guatemala

Guatemala. A woman sews face masks at her home.
UNICEF/UNI388986/Mussapp
Telma coud des masques à partir d’un patron qu’elle a trouvé sur Internet, au Guatemala.

Le confinement strict mis en place au Guatemala a eu des effets particulièrement dévastateurs sur les 60 % de la population qui vivaient déjà dans la pauvreté. Telma fait partie des nombreux parents qui ont perdu leur principale source de revenus durant la pandémie et qui ne savaient plus comment faire pour nourrir leur famille.

Cependant, la mère de famille a bénéficié d’une aide en espèces au titre d’un programme gouvernemental soutenu par l’UNICEF et la Banque mondiale. Cette aide lui a permis de trouver une nouvelle source de revenus dans la confection de masques de protection contre la COVID-19.

Lorsqu’elle a reçu cette aide, la priorité de Telma était d’acheter de la nourriture pour ses enfants. « Ma hantise était de ne pas avoir les moyens de leur acheter à manger », confie-t-elle. Cet argent lui a également servi à acheter de la farine pour faire des crêpes et les vendre afin d’essayer de joindre les deux bouts. Avec l’argent restant, elle a pu acheter du tissu pour confectionner des masques à partir d’un patron qu’elle a trouvé sur Internet. « Je vends désormais des masques réutilisables que je confectionne moi-même », explique-t-elle.

 

Tadjikistan

Tajikistan. A woman holds her child.
World Bank/Tajikistan/2020/ Nigina Alieva
Une femme tient un bébé dans ses bras au Tadjikistan.

Faisant partie des économies les plus tributaires des transferts de fonds dans le monde, le Tadjikistan a été très durement frappé par la crise mondiale. Selon un rapport publié par la Banque mondiale au mois de juillet, 40 % des familles du pays ont signalé avoir réduit leur consommation de nourriture depuis le début de la pandémie et ce sont les familles à plus faible revenu qui paient le plus lourd tribut, d’autant que le soutien financier qu’elles recevaient de proches travaillant à l’étranger a commencé à se tarir.

Le Gouvernement du Tadjikistan, avec le soutien de la Banque mondiale, effectue des transferts en espèces d’urgence au profit des familles à faible revenu ayant des enfants en bas âge. Plus de 25 000 familles ayant à charge des enfants de moins de 3 ans parmi les plus pauvres du pays ont reçu un versement unique de 500 somonis (environ 50 dollars) afin de se procurer des produits de première nécessité tels que de la nourriture et des médicaments durant la crise. En complément de ces efforts, l’UNICEF et ses partenaires ont envoyé aux familles des messages sur les bonnes pratiques en matière de nutrition et de parentalité afin d’aider les enfants à rester en bonne santé et à réaliser leur plein potentiel.

L’aide réinventée

Les transferts en espèces peuvent avoir une incidence majeure sur la vie des enfants, car ils aident les familles à se procurer de la nourriture, un abri et une éducation. Cependant, si de nombreux pays ont adopté des programmes d’urgence afin d’aider les enfants et les familles à surmonter les effets de la COVID-19, les budgets publics sont comprimés par le ralentissement de l’économie mondiale, empêchant les gouvernements de répondre à l’ensemble des besoins croissants de millions d’enfants.

L’UNICEF s’attache avec ses partenaires à instaurer des changements viables à grande échelle afin que chaque enfant dans chaque coin du monde puisse obtenir le soutien dont il a besoin. À l’heure où le monde entier se débat avec les effets de la pandémie, il est temps de réinventer un avenir meilleur, dans lequel davantage d’enfants bénéficient des ressources dont ils ont besoin pour s’épanouir.

 

Cet article contient des contributions de : Tomoo Okubo, Louise Moreira Daniels, Pilar Escudero, Alejandra Contreras, Mona Korsgard, Tapuwa Loreen Mutseyekwa, Erica Mattellone, Yusuf Bafozoda et Rindra Rakotovoahangy. En savoir plus sur les interventions de l’UNICEF en matière de protection sociale ici.